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Faut-il une pédagogie exigeante?


D’un côté, certains critiquent régulièrement le système de notation, jugé trop dévalorisant et inhibant pour les élèves. De l’autre, d’autres se plaignent de la baisse du niveau d’exigences dans le système scolaire et du phénomène de « surnotation ».


Ce que je remarque, en donnant des cours, c’est que je rencontre beaucoup d’élèves dont le potentiel est largement sous-exploité. Soit parce que parfois, il a suffi d’une chute brutale des notes pour que l’élève s’engouffre dans une perte de confiance et lâche prise. Soit parce qu’à l’adolescence, la tendance étant généralement à en faire le moins possible, certains jeunes font effectivement le minimum. La tendance à la sur-notation accentue largement le phénomène car ils ont l’impression que cela leur réussit plutôt bien.


Le fait que trop d’élèves n'exploitent pas leurs potentialités peut s’expliquer car le cadre scolaire est perçu comme trop flou et trop changeant par les élèves. Certains professeurs sur-notent alors que les notions ne sont pas acquises, que le niveau d’orthographe est déplorable, les démonstrations en mathémathiques sont illogiques ou encore que l’expression écrite est peu intelligible. D’autres sous-notent sans même prendre le temps d’expliquer les erreurs, d’encourager les élèves. Ces incohérences que les élèves rencontrent d’une année sur l’autre ou même d’une matière à l’autre ne sont pas évidentes à gérer à un âge où ils ont avant tout besoin d’un cadre clair et bienveillant.


Je ne suis pas sûre que vouloir mettre des bonnes notes à tout prix s’inscrive dans une démarche si bienveillante que cela car c’est aussi faire croire à l’élève qu’il a les acquis quand ce n’est pas encore le cas. Et c’est lui rendre la chute encore plus dure lorsqu’une ou deux années plus tard, il s’en rendra compte et qu’il aura accumulé tellement de retard que ce sera plus difficile à rattraper. Sous couvert de vouloir encourager les élèves, on masque ce qui n'est pas acquis quand le rôle du professeur reste quand même d'accompagner les élèves vers ces acquis là...


Je suis convaincue qu’il faut continuer à être exigeants avec les élèves. C’est -il me semble- une façon de leur montrer que l’on croit en eux, c’est les accompagner pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes, qu’ils apprennent à se surpasser et qu'ils soient fiers. C’est aussi et surtout leur montrer que le cadre est solide tout en les aidant à s’y épanouir. La clé, selon moi, est la bienveillance. Ce n'est pas en baissant ou masquant le niveau d'exigences que l'on encourage un élève, c'est plutôt en croyant en lui, en le motivant et en l'accompagnant de façon bienveillante, y compris et surtout lorsqu'il rencontre des difficultés.


Je ne compte plus le nombre de parents qui m’appellent pour me dire que leur enfant « ne rentre pas bien dans le cadre scolaire », je ne crois pas que ce soit là le problème. Le cadre scolaire devient de plus en plus flou et les élèves ne comprennent plus le cadre car il est trop mouvant et pas assez clair. A chaque fois, et (en apparence) paradoxalement, ce qui fonctionne le mieux pour redonner à ces élèves le goût d’apprendre, c’est justement d’être exigeant avec eux. Etre exigeant, ce n’est pas facile et cela demande beaucoup d'énergie car il ne faut rien laisser passer : l’orthographe, la rigueur, la structure… Mais c’est aussi renvoyer à l’élève le fait qu’on lui accorde de la valeur, que l’on croit en lui, qu’il est capable de faire de belles choses. Cette exigence n’est efficace que si elle s’accompagne d’une grande bienveillance et d’une absence de jugement.


Pour conclure, je reste convaincue que même si la tendance n’est plus vraiment à l’exigence, que c’est elle, en réalité, qui pourrait changer l’école, permettre de remonter le niveau général et surtout donner la chance à tous ces jeunes d’exploiter pleinement leurs potentialités afin qu’ils deviennent des jeunes adultes confiants, fiers et épanouis.

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